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Profession de foi

PROFESSION DE FOI

 

 

Un petit encart ici pour défendre le point de vue de ce site – même si, si vous êtes parvenu jusqu'à lui, vous n'avez sans doute pas besoin d'être convaincu.

 

La plupart des êtres humains, humbles travailleurs ou éminences reconnues, sont incapables de sortir du cadre des connaissances qu'on leur a inculquées ou dont ils ont fait l'expérience. Les théories trop novatrices, en désaccord avec le dogme mis en place par les autorités de l'époque (qu'elles soient scientifiques ou religieuses) sont immédiatement raillées, méprisées, clouées au pilori avant même d'avoir eu la chance d'être mises à l'épreuve. Quelques exemples en vrac :

 

  • Faire voler un plus lourd que l'air ? Allons mon brave, depuis 15 siècles que Notre Seigneur s'est sacrifié, si c'était possible, vous pensez bien que quelqu'un y serait parvenu...

  • Bien sûr, bien sûr, la Terre serait ronde... Et donc, quelque part à l'opposé de nous, il y aurait des gens qui vivraient la tête en bas ??

  • Et vous, M. Darwin, est-ce du côté paternel ou du côté maternel que vous descendez du singe ?

 

Bref, tout cela pour dire qu'une idée qui remet en cause les connaissances établies a souvent besoin de temps, d'adhérents, de nouvelles générations pour s'imposer face à des gardiens trop accrochés à leur vision du monde pour risquer de la voir se fissurer.

 

Mais ne nous y trompons pas, je ne voudrais surtout pas cliver l'espèce humaine en « défenseurs d'un mensonge » d'un côté et « détenteurs de la vérité » de l'autre : la nouvelle vision du monde sera elle aussi un jour menacée par une autre, et elle sera défendue aussi vaillamment qu'elle aura été attaquée... Ainsi va la vie, la Vérité recherchée évolue selon notre capacité à la percevoir.

Je pense même aujourd'hui que c'est ce qui prime par dessus tout : aucun argument, aucune preuve tangible, aucune logique implacable ne fera admettre à quelqu'un une théorie à laquelle il ne veut pas croire. L'ego humain est si fort... Rares sont les personnes prêtes à accepter que le monde qu'elles perçoivent peut être perçu différemment (et je ne me mets pas au dessus du lot, moi aussi j'aurais bien besoin de faire table rase de certains vieux clichés qui restent tenaces !)

 

Tout cela pour dire finalement que, plus on recherche loin dans le passé, et plus les traces qu'il en reste sont ridiculement petites, incomplètes, fragmentaires. Chercher une réalité historique d'il y a 2000 ans est déjà bien difficile, alors que peut-on prétendre connaître d'il y a 20 000 ans ? Les théories sur notre passé proposées et globalement acceptées aujourd'hui ne font plus l'unanimité (notamment à propos de la construction de la pyramide de Gizeh, dont, tous les ans, on nous annonce avoir résolu l'énigme). A ce propos, nul doute qu'un jour, une nouvelle vision de l’Égypte sera proposée. J'irai même plus loin, et j'espère qu'un jour, une nouvelle vision de l'Histoire humaine nous sera proposée.

 

Je termine en vous proposant le texte « Suivez le Guide », de René Goscinny : on y retrouve l'humour caractéristique de ce génial auteur, mais aussi une compréhension aiguë de l'être humain et de la façon dont il fonctionne... Savourez.

 

 

SUIVEZ LE GUIDE !

 

Ayant récemment fait un court séjour dans un pays riche en vestiges archéologiques, j’ai été frappé par tout ce que les commentaires des guides touristiques ont d’approximatif et de poétique. Il faut dire que leurs explications sont basées sur les conclusions d’historiens ayant peu de chose à se mettre sous la dent en matière de documentation solide et irréfutable. Les malheureux ont été obligés de reconstituer une sorte de vérité historique à partir de quelques bas-reliefs à peine visibles, de morceaux de statues endommagées, de miettes de manuscrits à peu près illisibles, de tessons d’ustensiles mystérieux, de fragments d’os et autres cochonneries. Tout me porte à croire que le Maya moyen, l’Inca de la rue et le monsieur Tout-le-Monde aztèque seraient ébahis d’entendre le récit que leurs lointains descendants font de leur vie quotidienne.

 

Et je me suis demandé comment les guides nous raconteraient, dans quelques millénaires, quand ils viendraient de lointaines planètes, à bord de fusées charters pleines de touristes, visiter notre pauvre Terre détruite par le cataclysme nucléaire que nous promettent avec assiduité tous les auteurs de science-fiction. Mais laissons parler le guide :

 

« Nous nous trouvons en ce moment dans la France. La grande île que nous avons aperçue quelques secondes avant notre atterrissage est la Bretagne, entièrement séparée du continent par la catastrophe nucléaire dont je vous ai parlé pendant le trajet. D'après certains manuscrits retrouvés, les historiens pensent d'ailleurs que ce sont les habitants de la Bretagne eux-mêmes qui ont provoqué l'explosion. Nous sommes ici dans Paris, qui était probablement le centre religieux le plus important de la France. Quelques documents nous ont permis de savoir que deux peuplades y habitaient : les Parisiens et les Parigots. Les Parisiens, dont l’emblème était la tête de chien, animal sacré, constituaient probablement la classe noble dont étaient issus les grands prêtres. Les Parigots avaient pour totem la tête de veau, animal humble, symbole de servitude. Les Parigots étaient donc probablement les esclaves des Parisiens.

 

C'étaient parmi les Parigots que l'on désignait les victimes des sacrifices humaines qui avaient lieu dans le temple dont vous voyez quelques vestiges là-bas : un fragment de colonne et un morceau de fronton, sur lequel on peut encore distinguer les caractères : « ASSEMBLEE NAT » . Les historiens n'ont pas encore réussi à comprendre la signification de l'inscription, mais l'éminent archéologue vénusien Zgwt pense que cela veut dire « Temple des sacrifices ». L'édifice, entouré d'une colonnade, était probablement polychrome. Sur un des murs restants, on trouve l'inscription : « DEFENSE D'AFFICHER ». On ignore également la signification de ces mots, mais étant donné qu'on les retrouve souvent sur les ruines de la ville, on croit qu'il s'agit d'un invocation à quelque dieu barbare chargé de la protection des édifices. Dans la nef, vous voyez l'emplacement d'une espèce d'estrade sur laquelle s'élevait sans doute l'autel des sacrifices. On a retrouvé une sonnette qui devait tinter chaque fois qu'un Parigot était sacrifié par le grand prêtre.

 

De ce côté-ci, ce large sillon était le lit d'un fleuve qui traversait Paris ; ce cours d'eau avait également une grande signification religieuse. Il s'appelait d'ailleurs le Fleuve des Dons, car les Parisiens y jetaient des offrandes. On a en effet découvert dans le lit du fleuve d'innombrables objets qui se trouvent actuellement dans les musées de plusieurs de nos planètes : boîtes de métal, bouteilles de plastiques, étranges véhicules à deux roues, ossements de l'animal sacré, le chien, etc.

 

Sur la grande esplanade, vous voyez le célèbre obélisque. Nous ne savons pas encore comment il a pu arriver là, mais sa présence semble confirmer la théorie selon laquelle les Égyptiens gouvernaient le monde. On trouve en effet ces obélisques dans beaucoup de villes sur terre ; vous en verrez un tout à l'heure à Washington, centre religieux du continent américain.

 

Et maintenant, nous allons assister à un spectacle de son et lumière dans un de ces gigantesques temples – ou hypertemples – que l'on trouve dans la périphérie de la ville. Ces mystérieux édifices religieux sont extraordinairement bien conservés, vous y verrez mêmes les petits chariots métalliques dont se servaient les fidèles pour porter leurs offrandes au dieu mammouth. Suivez le guide, je vous prie... »

 

René Goscinny - "Du Panthéon à Buenos Aires" - IMAV éditions

 

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